jeudi 5 mai 2011

Polis et mango twòp dous


9h45 à l'aéroport régional de PAP. L'avion de Tortugair a déjà deux heures de retard. Je viens de parler avec l'un des pilotes qui m'explique qu'il y a un petit problème mécanique qui devrait être régulariser bientôt. Ils ont fait 'a fly test' et on fait les derniers ajustements. Juste avant les derniers arrangements... On ne sait plus trop quoi faire, surtout que la place se remplie de personnes qui ont des billets pour le prochain vol ! Je sens que la journée va être épique. Pendant qu'on niaise avec quelques collègues, on parle politique bien évidement. J'apprends dans l'échange que la Minustah couterait 83 millions de $ ( US) au pays par année. Par année !? "Par année mon blanc." Je dis couterait, mais en fait, c'est la dette du pays qui, par année, augmenterait de ce montant. En fait, Haïti emprunte aux Nations Unies pour assumer la sécurité de sa population ... et celle des blancs qui résident ici. Wow !! La ligne est mince entre la naïveté et l'imbécilité, je ne sais pas trop si je ne la transgresse pas quelques fois ? Personne sauf moi n'est surpris. La Minustah est ici suite à une demande du Président Préval, c'est au pays d'en assumer les frais. Cette petite niaiserie de nos organisations des internationales sort dans le débat au moment où les anciens militaires demandent au nouveau Président de relancer l'armée (en passant, on nous rappelle que l'armée est toujours inscrite dans la constitution). Martelly, dont les liens avec l'armée seraient très intenses, serait très intéressé. Relancer l'armée haïtienne couterait autour de 50 millions par année. Belle économie... Notre avion a finalement quitté avec plus de 2h30 de retard, en fait il fallu attendre l'autre avion. La journée s'est terminée dans le même genre de brouhaha. On s'est fait coller deux fois par la PNH. Au deuxième essai, le policier avait 'spotté' le seul blanc de la machine et rêvait déjà à son chien-jambé (casse croute sur le bord des routes). Il nous a fait niaiser quelques minutes avant d'exiger qu'on sorte de la machine pour la fouiller. La polis (prononcer police) s'est approché de moi en me demandant si je parlais français et je lui ai répondu 'm'pale kreol' ! Il voulait voir mon passeport et je lui ai expliqué en kreol que je sortais avec mon passeport que lorsque je prevoyais passer une douane, mais que je pouvais lui donner une autre pièce d'identité. À la vue de mon permis de conduire haïtien, il est presque devenu blanc. Il a été forcé de subir les colibets gentils de mes collègues avant de nous laisser repartir. Dix minutes plus tard, on avait une pan kawoutchou sur la route, au Carrefour Jésus à Trou du Nord. Juste là où l'on trouve les meilleurs 'mango twòp dous' de la région (une variété de mangue appelée 'trop douce' tellement elles sont sucrées). Les petites vendeuses ont fait des affaires d'or.

Envoyé de mon iPad

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Faire une crevaison en Haïti est une expérience bien moins désagréable que chez nous: où qu'on se trouve dans le pays, en quelques minutes tout est réparé sans qu'on ait à lever le petit doigt et pour une somme très modique. Chez nous il faut attendre le CAA trois quarts d'heure ou pire, changer le pneu soi-même.

Anonyme a dit…

Il ne faut pas s'en faire pour le coût de la MINUSTAH: Haïti ne paie jamais ses dettes et finit toujours pas les faire effacer. C'est donc nous qui allons finir par payer. Mais ce n'est pas bien grave avec tout le cash qu'on fait ici (en plus de l'expérience enrichissante et du train de vie somptueux). Et c'est normal qu'on paie un peu avec tout le chaos qu'on engendre. Donc tout est très bien comme ça.

Anonyme a dit…

Je trouve que la police haïtienne est très peu prédatrice sur les blancs quand on compare à presque tous les pays sud-américains, arabes et africains. En huit ans, je me suis fait quêter une seule fois. En RD, je me fais presque kidnapper par la police à chaque fois que j'y mets les pieds. Et on ne parle pas du Mexique où il faut fuir à tout prix.

Anonyme a dit…

Une fois j'ai essayé d'offrir du cash à des policiers haïtiens pour accélérer une procédure. Ils m'ont répondu d'un air scandalisé qu'ils n'acceptaient pas les pots-de-vin. J'étais estomaqué! Peut-être que je n'avais pas été assez subtil dans ma façon de l'offrir.

Anonyme a dit…

Ce qui est sûr c'est que les Haïtiens sont très peu quêteux et très peu violents considérant leur niveau de pauvreté. C'est un des beaux côtés du pays, cette dignité qui persiste malgré tout.