vendredi 22 janvier 2010

Et l'État haïtien dans l'affaire ?


Le Captain Carol a été très coopératif, il a installé un barbelé (trop court mais quand même, c’était le dernier qu’ils avaient !) sur notre défunte clôture pour éviter les débordements. Débordements qui avaient commencé à se faire sentir en plein milieu de journée. Pendant que je l’attendais, j’ai eu droit à une scène digne d’un film américain, style An Officer and a Gentleman. Un soldat se faire postillonner à trois pouces du visage par un supérieur qui parlait en mode Spray sur une bouteille de Windex. Un bon cinq minutes de douche et je n’imagine pas l’haleine… Je me suis dit que le pauvre soldat rincé venait de faire un commentaire désobligeant sur la population qu’il appuyait. Une engueulade anti-raciste en règle qui aurait même émue le président américain. Pendant ce temps-là, les partenaires haïtiens avec qui on papote confirmaient les propos de leur premier ministre devant les journaux du monde : peut-on tenir compte de l’État haïtien dans tout ce qui se passe ? Comme si les pompiers volontaires de Saint-Wenceslas du Canton d’Aston voyaient filer sur leur tête un avion amphibie de Bombardier pour éteindre les braises de la grande de Ti-Bert ! Je comprends, on ne parle pas de la grande de Ti-Bert. Mais la question de fond est de savoir ce que pourra faire l’État haïtien au moment de la reconstruction. Quand l’international sera parti ailleurs ? Probablement comme dans les Gonaïves en mars dernier où la revue The Economist relatait les propos de secouristes quittant pour la deuxième fois la région inondée (ils y étaient en 2004) annonçaient leur retour pour l’année rochaine (http://jeanfrancoislabadie.blogspot.com/2009/03/journee-de-premiere.html). Désolé pour l’auto-citation ! Je croise beaucoup de partenaires sur le bord du désengagement, comme si on ne reconnaissait pas leur apport, comme si on le plaçait sur une voie de garage. Ajoutez à cela trois bonnes répliques dans la journée, la famille qui couche dehors depuis plus d’une semaine, et vous obtenez quelques signes très clairs de découragement. Vive les lunettes fumées…

3 commentaires:

Anonyme a dit…

j'ai une connaissance qui part ce we en haiti
http://www.pharmahuma.org/pah/
il y. avait deja passé 6 mois l an dernier
je vais lui dire ne pas oublier les lunettes!
je lis tj votre blog ts les matins avec admiration

Marico Renaud a dit…

Ouain! Je me demandais justement, les haïtiens dans tout cela vont-ils avoir leur mot à dire? Ou vont-ils se retrouver avec des aberrations d'après le tsunami, style huttes de plastique bleu pétant (eh oui) ou encore pêcheurs relocalisés 50 km à l'intérieur des terres et qui doivent se farcir le trajet jusqu'à la mer en mobylette quand ce n'est pas en vélo? J'espère pour eux qu'on aura appris de ces dérapages! Vos informations sont précieuses! Merci

Petit bateau de lumières a dit…

En vous lisant on se sent un peu plus intelligent ou plus humain ! Superbes lunettes ! Votre fortune est assurée !
Et dans le cas présent un peu de bonne "fortune" ne fera de mail ni à vous, ni à aucun de vos collègues des Amériques !
Toujours avec vous !