mardi 19 janvier 2010

Voir des gens qui n'ont rien perdre tout


En arrivant au bureau ce matin, Raymond et Jean-Joseph mangeaient du mange blan (de la bouffe d’étranger). Une grande cuillère en plastique pour fouiller dans une enveloppe métallique à l’effigie des USA. Raymond en était à son premier vrai repas depuis presqu’une semaine. Sa fille a été blessée et ils campent dans le jardin de l’Hôpital du Canapé-Vert depuis mardi soir dernier. Jean-Joseph quant à lui s’en sort mieux. La maison s’est fissurée mais est toujours debout. La femme et les deux filles quittent pour la province aujourd’hui. Jean-Claude ‘snifera’ l’enveloppe de ses deux collègues sans être inspiré par la gastronomie américaine. Faut dire qu’il ne mange que du poulet ! Joel arrivera trop tard pour profiter du festin. En fait, les boys avaient besoin d’énergie, il fallait faire le ménage du bureau. Rien de grave dans la structure du bâtiment (selon mon œil d’ingénieur en bâtiment novice), mais les bibliothèques, les ordinateurs, le photocopieur et les imprimantes se sont payés tout un set carré. Un bon trois heures à faire des jokes de gars en déménageant des meubles, ça fait du bien. Il fallait rendre la place accueillante pour un groupe de médecins de Montréal qui arrive demain, et un comité du Ministère de la Santé qui installe son QG chez nous. Avec Jean-Claude, on a pu passer voir Paul avant la fin de la journée. Il nous a fait une grande accolade virile, c’est la nouvelle mode après les poignées de main qui durent vingt minutes… Il était fier de nous présenter toute sa famille et leur campement. Malgré tous les sourires, c’est dur de voir des gens qui n’ont rien, perdre tout. On finira la journée à l’Hôpital universitaire où les marines américains ont pris le contrôle. J’allais rejoindre le directeur des ressources humaines du Ministère qui y a ses bureaux pour comprendre qu’il ne pouvait résister aux mitraillettes à lunette électronique américaines.

2 commentaires:

pierre de la marmande a dit…

votre dernière ligne confirme sur le vif ce que la presse française nous informe. Hier à la TV, un haïtien, politologue, nous expliquait les pourquoi et comment de l'omniprésence américaine.

Par ailleurs, le Président Préval a souligné l'aide de St Domingue. Nous n'avons aucune info sur l'aide de l'autre voisine, Cuba. Discrète ou absente ?

Pierre en Berry

Marico Renaud a dit…

D'après Radio-Canada, 300 médecins ont été dépêchés par Cuba. L'un d'eux a attiré l'attention sur le fait qu'il fallait soigner au mieux, mais aussi écouter ces gens!