samedi 25 septembre 2010

Éole


Les ouragans ont tout fait pour nous éviter depuis le début de la saison. Bonne idée. Ils sont passés à l'Est (Earl, Igor, Lisa, …) ou à l'Ouest (Karl et Mattew). Même Karl a diminué sa cadence juste avant de passer tout près, pour reprendre de la vigueur avant de frapper le Mexique. À ceux qui pensaient qu'Ayiti était une terre maudite, détrompez-vous. Hier après-midi toutefois, on a eu droit à une petite poussée d'Éole, comme s'il avait eu une petite toux… Pas assez ambitieux pour être baptisé, mais assez pour faire des dégâts significatifs au centre-ville principalement. Les camps près du Palais National y ont particulièrement goûté. Tentes et toilettes 'chimiques' ont dévalé dans les rues. Le spectacle n'était pas très beau ce matin quand on y est passé. On se dirigeait vers le Sud, à Grand-Goave. On nous avait promis le meilleur resto d'Ayiti dans une petite bicoque sur le bord de la mer. On a effectivement très bien mangé, mais Gros Bébé au Cap-Haïtien demeure mon coup de coeur. En arrivant à la dite bicoque, on discutait avec les proprios avant de mettre bikini et crème solaire. Éole s'est envolé avec des vies hier après-midi. Un détour sur la route nationale qui nous amène à Grand-Goave (détour occasionné par l'affaissement de la route depuis le 12 janvier 2010, 'Y-a-t-il eu un 12 janvier 2010 ?' nous a demandé le sympathique propriétaire), nous fait passer en 4X4 dans une rivière. Ce matin et sur le retour, tout s'est bien passé pour notre Toyota. Hier toutefois, la rivière était tellement forte et haute, qu'elle a apporté une machine avec ceux qui y étaient attachés ! Sur la même route, quelques kilomètres avant ce détour, on voyait un de ces bus déglingués qui font la liaison entre les grandes villes. Bien couché sur le côté, à 15 ou 20 mètre dans le champ. Des dizaines d'ayisien assis sur leurs valises qui attendent un prochain tap-tap qui aura de la place pour les amener à bon port. La PNH était présente et gérait la circulation, l'accident s'étant probablement déroulé quelques heures avant notre passage. Encore là probablement (je n'ose pas dire sûrement, c'est ce fameux doute qui me ronge tout le temps !), des gens y ont connu leur dernières sensations fortes. Dans le silence du retour, en pensant à tous ces morts sur 5 kilomètres en moins de 24 heures, je me disais que la vie ne sort jamais de la mort. Surtout ici où le quotidien est meublé d'imprévisibles.

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