mardi 18 janvier 2011

Pendant ce temps-là...


Journée de grands énervements. Les autorités judiciaires haïtiennes, appuyées de la Minustah, se sont rendus rencontrer Duvalier dans sa chambre d’hôtel. Deux ou trois heures de pourparlers avant qu’il s’engouffre dans un 4X4 pour le parquet de PAP. Il en sortira vers 17h00 pour reprendre le chemin de son hôtel. Des accusations à nature ‘financière’ devraient tomber sur son échine. Une échine de dictateur bien évidement, certains ne pouvant pas s’imaginer que le bonhomme ne savait pas dans quelle trappe il mettait les pieds, qu’il n’avait pas lui même dessiné ce qui à première vue ressemble à un piège... Autour de ce personnage de l’histoire, il y avait des avocats, des politiciens, des proches et des analystes. Il y avait aussi des manifestants, pas très nombreux, mais des manifestants quand même. Ils criaient très fort aux kodaks agglutinés devant eux : «Arrêter Préval, vive Duvalier». Quelques-uns se sortiront les veines du cou à répondre aux questions des journalistes. Après le tremblement de terre, le choléra apporté par le blanc et la magouille électorale de Préval, il nous faut un vrai président, capable de tout gérer. Les 30 000 personnes disparues, les millions envolés, plus rien n’existe. Pendant ce temps là, plus personne ne parle de ce que sera le prochain gouvernement, celui-là même qui doit assurer la re-construction du pays. Pendant ce temps-là, l’État fait du surplace. Pendant ce temps-là, le choléra continue de se répandre. Pendant ce temps-là, 8 millions de personne meurent de faim. La faim à laquelle Dany Laferrière fait lumineusement référence dans L’énigme du retour. Celle qui s’installe et dure une vie, celle qui est permanente. Il faut lutter pour ne pas rejoindre le clan d’un expat désabusé avec qui je travaille et qui dit : «Ayiti est une farce, une grosse farce !»

2 commentaires:

Marico Renaud a dit…

C'est vrai, ne surtout pas joindre le rang des désabusés. Le gouvernement haïtien est peut-être une farce, les gens sous les tentes, les malades, les enfants sans écoles et j'en passe, ça n'est pas vraiment une farce n'est-ce pas?
Bon courage.

Fabienne a dit…

Mais oh! Qu'il est difficile de garder espoir, non? Je suis toujours touchée par tes réflexions, Jean-François, moi qui de loin m'intéresse de près à ce qui se passe là-bas. Je suis en train de lire «Haïti n'existe pas», sur les conseils de ma collègue Chantal, que tu connais. Plus je lis, plus je me demande s'il y a de l'espoir pour l'espoir.