samedi 26 mars 2011

La grève


Récemment, j’allais payer 10$ US pour acheter un concombre anglais. Je vous entend dire 'le concombre...' en pensant à moi. Au market bien évidement, pas sur la rue. Même si les marchandes gonflent les prix pour les blancs, elles ne vendraient jamais de concombre anglais. J’écris que j’allais acheter parce que Jo a vu le prix. Moi, je ne regarde presque jamais les prix. L’appel de la ‘recette’ fait de moi un consommateur aveugle. La vie est chère en Haïti. Pas vraiment celle de l’achat local, mais tout ce qui vient de l’extérieur vous force à fouiller très profondément l’intérieur de vos poches. La grande nouvelle cette semaine a été l’augmentation du prix de l’essence. Le prix du gallon de diesel par exemple est passé de 130 à 162 gourdes (3,25 $ à 4,00 $). Cette décision du gouvernement aurait dû être prise peu après le 12 janvier dernier considérant que le prix à l’achat a augmenté il y a maintenant plus d’une année. La stratégie du gouvernement à l’époque avait été de diminuer les taxes sur le produit, question de ne pas ajouter une pression économique supplémentaires aux efforts de relèvement post-séisme. Cette diminution de taxes aurait coûté à l’État 2,6 milliards de gourdes (diviser par 40 pour avoir une idée en $ US ...). On donne donc aujourd’hui un coup de pied dans la ruche, celui qui était difficile de donner il y a un an. Déjà, les conséquences se font sentir. Le prix du tap tap a augmenté de 25%, ce qui a causé quelques heurts un peut partout au pays. Les autres coûts vont augmenter dans un pays où toutes activités commerciales un tant soit peu organisées s’appuient sur le fonctionnement d’une génératrice, l’électricité de l’EDH (Électricité d’Haïti) offrant du courant entre 3 et 4 heures par jour seulement. Market, commerces, industries, restaurant, hôtels, ... Au bureau par exemple, la génératrice fonctionne généralement de 7h à 17h. On peut l’éteindre quelques heures par jour si EDH nous fournit le courant durant la journée. À la maison, la génératrice fonctionne aux heures de pointe, de 6 à 9h le matin et de 18 à 21h le soir. Le reste de la journée, on vit sur les batteries. L’augmentation du coût des carburants touche donc toute la vie économique du pays et éloigne encore davantage la population d’un niveau d’aisance sous-minimal... L’inquiétude actuel concerne également la paix sociale. Il faut se rappeler lors des dernières manifestations contre la cherté de la vie au printemps 2008 (appelées les émeutes de la faim), le gouvernement du Premier ministre Alexis n’avait pas été en mesure d’en sortir vivant. Lundi prochain donc, il y a un appel à la grève générale. Les propriétaires des moyens de transport dits ‘collectifs’ et ceux qui transportent les marchandises vont stationner leur machine. Tout ça, deux jours avant la proclamation des résultats du second tour.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonsoir JF ,
je propose de t'envoyer un sachet de semence bretonne de concombre pour que "tu relocalises" sa culture en Haïti et en devevenir grand chef local du Tzatziki !(clin d'oeil pour mes bols bretons!!)

Je plaisante mais le coût des denrées alimentaires explosent partout sur la planête !
Vendredi, j'ai payé 0,90 € pour un concombre breton(Ok) mais refuser d'acheter des tomates régionales à 3 €/kg et en plus ce n'est pas la saison! Paradoxalement celles qui venaient du Maroc étaient à 1,70 €/kg ( coût de transport plus élevé mais ensoleillement précoce et bien évidemment une main d'oeuvre payée au lance pierre !)
Pour tanker le char ce matin(j'adore cette expression bien de Vous les Québécois), j'ai payé le litre de Diesel ( Gazoil) : 1,335 € le litre soit un gallon US à 7 $ US ( taux de change 1,40)ou 900 gourdes; dont 80 % de taxes pour le gouvernement français !
Plus ça va, moins ça va !
Je rêve de voitures qui roulent à l'energie solaire ou à l'huile de friteuse car pendant ce temps, les compagnies pétrolières ne perdent pas d'argent !
Le Tap Tap PAP-LE CAP est hors de prix pour un salaire minimum haïtien de 70 gourdes/jour soit 1,20€ /jour...
Bonne récup après la grippe et le colloque
MBZH