jeudi 31 mars 2011

Les certains


Ça manque sûrement de recul, mais c’est la journée la plus triste des deux dernières années en Haïti. Je travaille avec plusieurs haïtiens avec lesquels on pousse des idées, des nouvelles façons de faire, … Il y a de ces partenaires plus ‘pousseux’ que d’autres. Plus droits, davantage construits dans un bloc éthique mieux défini, dans un arbre où les valeurs sont moins influencées par les vents, même les grands. J’aime ces fous. Comme si les côtoyer me rendait meilleur. On appelle ça la vie par procuration. Je serai moi aussi de ces fous quand j’accepterai toutes leurs conditions. J’éprouve beaucoup de respect pour ces fous. Dans les dernières semaines, un de ces fous a poussé une idée un peu trop loin au goût de certains. ‘Toute vérité n’est pas bonne à dire ‘ me dira un de ces certains. Conclusion, mon pousseu préféré n'est plus mon partenaire. Les certains qui ont le pouvoir de prendre ce genre de décision n’aiment pas son culot. Pour expliquer l'affront, un collègue me parlait de la résistance au changement. 'Rien à voir !!' La résistance au changement n’existe pas, on nous invente cette explication nous forcer à garder la tête dans le sable. Pendant qu’on se préoccupe ‘du’ pseudo changement qui forcerait la résistance, on ne s’inquiète pas de ‘la’ résistance. Les certains ne résistent pas au changement, ils résistent à une perte. Perte de pouvoir, de cash, de prestige, name it. Intéressez vous à leur perte, vous verrez que ce n'est pas le changement qui leur fait peur. Tout ça pour dire que de mettre de l’ordre dans le désordre, ça génère des pertes pour les certains. Et à ceux qui continuent de croire qu’il y a désordre, vous vous trompez. Tout est très bien ordonné. En fonction d’une régulation qui n’apporte rien à la population haïtienne, mais régulé quand même. Il ne faut pas aider Haïti à mieux s’organiser, il faut l’appuyer à se désorganiser. À mettre du désordre dans l'ordre.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La chartreuse de Parme, je te dis. La politique au début XIXième dans la cour des roitelets. L'intrigue. L'ordre sous le désordre apparent. L'explication de ce qui paraît inexplicable. Éclairant. Éblouissant!

Anonyme a dit…

Cette idée de mettre du désordre dans l'ordre pour favoriser le changement, c'est la conclusion du troisième article de la thèse de Thierno Baldé qui porte sur la sociologie de l'aide internationale en Haïti (en s'inspirant de la théorie de la complexité et de Parsons). Elle vient d'être déposée. Je ne sais pas trop quand sera la soutenance.

Unknown a dit…

Peut-être faut-il que tout change pour que rien ne bouge... ou que rien ne change pour que tout bouge ?
J'aime ton approche de la réticence au changement... au quotidien je recherche les causes des réticences pour faire avancer les projets, pour avancer, améliorer le bien de tous... étant idéaliste j'ai du mal à accepter cette inertie de refus-crainte d'un avenir en mouvement et donc avec une partie de risque... Mais le temps qui passe, parfois, prouve que ces réticences étaient fondées et que le cercle "des quelques initiés" à l'initiative du changement avaient des projets qui permettaient de simplement changer les "bénéficiaires"... les poins ont changés mais la partie est jouée avec les mêmes régles !
Difficile engagement, jugement délicat.
Quand je me perds dans ces réflexions, je repasse en mode "coeur". Je remet l'organe en marche t je juge avec lui, mes yeux sont par trop souvent fatigués !
Bravo pour le fil tissé qui oblige à la réflexion.