samedi 17 avril 2010

De brouillard à débrouillard


À la mer aujourd'hui, des ayisien réparaient ce vieux voilier. Une bonne trentaine de pieds (10 mètres). On y fait du transport entre tous les ports du pays, gros comme petit. Du charbon de bois ou du sel le plus souvent. Le propriétaire avait 4 planches à changer. On trouve du bois un peu partout, déjà en planche si possible. Si non, le billot fait l'affaire. Deux marteaux, une égouine et quelques clous. Un gars à l'intérieur de la coque s'assurait que le tout 'fitait parfaitement' et s'apprêtait à enduire les planches et leurs joints d'un produit imperméable. On a l'habitude de ce genre de réparation, 'nou te fèt anpil fwa' (on l'a fait souvent). À l'oeil d'un gars qui ne connait rien à la mer - sauf pour ce qui concerne maillot de bain, gougoune et crème solaire - le tout a l'air bric-à-brac, mais le bateau doit reprendre la mer lundi. Comme le reste en Ayiti, 'pa gen pwoblèm'. On nous parle toujours des ayisien comme d'un peuple débrouillard. Ils arrivent effectivement à faire tout avec rien. On répare ce bateau comme on répare les autos sur le bord des routes, comme on répare les maisons fissurées. C'est en même temps le message que le gouvernement lance depuis bagay la concernant la rénovation ou la construction de nouvelles maisons : Utilisez les bons produits et les bonnes techniques. Facile à dire, difficile à payer... Chose certaine, je ne me paierais pas une croisière en haute-mer sur ce voilier, brouillard ou pas !

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