dimanche 11 avril 2010

Un premier vrai test


Un collègue me disait récemment que 'ça fait trois mois que la fête est terminée'. Il faisait référence au fait que bagay la avait été 'LE' signal à la nation pour qu'Ayiti arrête de tergiverser, de procrastiner, de farnienter (je le sais, ce n'est pas un verbe mais…). Comme si les centaines d'ouragans et les troubles politiques qui ont jalonné l'histoire de ce pays n'avaient jamais eu pour effet de le 'réveiller' politiquement et socialement de manière à améliorer la qualité de vie de tout un peuple. Ce goudougoudou (autre appellation pour bagay la) sera la chance ultime, la dernière. En fait, mon analyse est que le pays est encore un peu - pour ne pas dire pas mal - 'freeze', comme si au lieu de réveiller, le dernier grand coup l'avait plutôt sonné. Gelé par une peur toujours aussi intense, la terre nous rappelant régulièrement qu'elle peut trembler. En fait, à part la terre, on ne sent pas grand chose bouger ! Cette semaine, peut-être verrons-nous les choses changer. L'État commence à déplacer les gens vers des camps toujours temporaires, mais plus permanents… Plus sécuritaires et mieux encadrés surtout, la question des pluies (on a peur à des inondations ou à des glissements de terrains pour certains camps) et le problème des violences sociales (vol, trafic de coupons pour les rations, viol, …) commencent à en inquiéter plus d'un. Ces nouveaux camps seront mieux équipés (douches, sanitaires, poubelles, …) et les enfants pourront entre autres y recommencer l'école. Pour le moment, il semble que les gens ne veulent pas quitter les camps dans lesquels ils se sont installés depuis trois mois. Peur de se faire voler sa place, de ne plus recevoir d'aide, de s'éloigner de sa maison qu'il faut toujours surveiller, … Mais surtout, les gens n'ont aucune confiance en cet État qui n'aurait jamais rien fait pour eux. Depuis le bagay la et avant. Il faudra voir ici la capacité des autorités à orchestrer adéquatement ce grand déménagement, comme un premier vrai test.

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