samedi 24 avril 2010

'C'est l'Afrique en Amérique'


C'est ce que m'avait dit mon patron de Montréal pour me dépeindre Haïti de manière caricaturale. On s'attend à être surpris, sonné, même choqué. Après près de 18 mois dans cette Afrique en banlieue de l'Amérique - 4 heures de vol direct de Montréal ou 1h30 de Miami, il faut s'en rappeler - je continue de voir des événements qui me troublent. Cette semaine, je suis dans la cour d'un hôpital à attendre de rencontrer un médecin, on a deux ou trois dossiers à discuter. La porte de son bureau s'ouvre et en sort une femme d'une quarantaine d'années. Toute jeune quoi ! Une infirmière vient la rejoindre avec un petit gobelet vide. La dame prendra le gobelet, se cachera sur le côté du mur, lèvera sa jupe, s'accroupira et écartera la fourche de sa petite culotte pour remplir le gobelet de ce liquide à tester. Aussi simplement que ça. Hier soir en revenant du bureau, des kidlib se battent en pleine rue Delmas. Ces timoun abandonnés (5 à 10 ans d'âge) qui errent dans les rues à la recherche d'un peu de cash pour manger, ou pour donner à un souteneur qui les surveille sur le bord de la rue. Ils se tiennent sur les quelques coins de rue de PAP où il y a des feux de circulation et se mettent à dépoussiérer les voitures avec des torchons sales de poussière. Souvent, Jo leur donne des barres-tendres, je ne suis pas sûr que leur souteneur en soit très heureux. Cinq gars assis bien collés qui regardent passer les filles. Ils le feront toute la journée, demain et après-demain aussi. Rien à faire, pas de travail et pas de kob. À moins que ce ne soit l'inverse. Cette odeur répulsive qui entoure les camps dans lesquels près d'un million de personnes ont maintenant pris l'habitude de vivre. Par habitude sûrement. Ces cochons qui circulent sur les tas de vidanges près des marchés ou des camps. Ils récupèrent ce qui reste de mangeable. Est-ce qu'il y a des cochons en Afrique ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ton blogue est génial. Je n'ai pas retrouvé l'organisation dont tu fais partie, mais après avoir parcouru et lu plusieurs extraits, billets, tes opinions me rappellent celles entendus de la bouche de plusieurs Haïtiens/nes Ayitiens/nes à Radio-Canada.

Merci de partager ta, tes mémoire/s. Grand merci.

Je vais mettre un lien dans mon Agace-neurones.

Zed